8 oct. 2013

LETTRE A MON FRERE ET AMI...O JEAN CHRIST MBINA : POUR SI PEU !

Très Cher...Toi dont le surnom est « Patriote Gabonais », je t’écris pour t’informer de ce que nous vivons au Gabon, dans la province du Moyen-Ogooué, en particulier à Lambaréné.

Comme tu le sais, la Province est située à une sorte de carrefour.

 Les voyageurs qui partent de Libreville pour se rendre au Sud, au nord et un peu partout à l’intérieur du pays passent par le Moyen-Ogooué. Les uns bifurquent par Bifoun vers Ndjolé et plus loin dans le Woleu, l’Ogooué-Ivindo, le Haut-Ogooué, l’Ogooué-Lolo... Les autres continuent par Lambaréné pour la Nyanga et la Ngounié.

Depuis de nombreuses années, Lambaréné souffre de tous les maux communs à toutes les villes qui ont cette position géographique.

La population de la ville est en croissance continue par un fort afflux des compatriotes en provenance des autres parties de la République. Ce phénomène a été accentué et rendu anarchique par des politiciens véreux qui, pour assurer leur puissance et leur domination, ont favorisé ce mouvement pour constituer un électorat captif, au lieu de donner aux arrivants une place normal dans la ville.

C’est cette politisation de l’évolution démographique de la ville qui perpétue un système abject qui fait que les victoires électorales sont toujours en faveur des mêmes groupements d’intérêts communautaires.

Mon cher Mbina, je t’en parle pour que tu fasses comprendre aux gens de Lambaréné et d’ailleurs qu’il faut changer de comportement et de mentalité pour redonner à Lambaréné son caractère pluriethnique normal, où toutes les communautés linguistiques doivent vivre en harmonie en participant librement au progrès de leur lieu de vie.

Je t’écris aussi, toi qui es journaliste, par ce que l’actualité politique nationale est dominée, comme tu le sais, par les prochaines élections locales. Et, bien entendu, les puissants hommes et femmes politiques de la ville se préparent à cette compétition  et fourbissent déjà leurs armes.

Comme tu le sais, ils évoluent tous dans la même catégorie, comme du reste tous les candidats de leur bord politique qui sont au pouvoir depuis des décennies à travers le pays et qui ne veulent pas lâcher prise et se retirer de la vie politique locale pour laisser la place aux jeunes.

La confection d’un fichier électoral biométrique ne changera rien aux comportements, aux habitudes et aux pratiques de ces politicards qui mettent tout en œuvre pour continuer à dominer, sans partage, la vie sociale du pays.

Mbina, pauvreté n’est pas vice, mais il est préférable d’être pauvre, que riche de façon malhonnête, parce que, comme disait quelqu’un, « l’argent gagné malhonnêtement est un venin ».

C’est avec ce venin que les gabonais sont dominés depuis longtemps. Comme les autres citoyens, je me suis fait enregistrer à Lambaréné le week-end dernier. Ce que j’y ai vu est effroyable. Il y a comme une course de vitesse, un concours autour de l’opération dite d’enrôlement, entre les politiciens locaux et leurs filleuls politiques, futurs candidats aux conseils locaux.

Les deux arrondissements de la ville, surabondent d’électeurs, un engouement inédit qui surprend plus d’un riverain et qui est du à un vaste déplacement d’électeurs transportés de l’Estuaire, de l’Ogooué Maritime et d’ailleurs.

J’ai été surpris de voir des compatriotes des autres provinces se faire enrôler à Lambaréné. A la question « vous habitez quel quartier ? et à quel bureau avez-vous l’habitude de voter ? », ils étaient incapables de répondre par méconnaissance de la ville.

Certains avouaient qu’ils avaient été transportés par autocars en prévision de leur vote à Lambaréné moyennant une somme d’argent.

Pour mieux asservir un peuple, il faut d’abord l’appauvrir !

Lambaréné est le lieu de tous les excès : crimes rituels, fétichisme, sectes maçonniques, sorcellerie et vampirisme, délation, viols, vols et abus de biens sociaux, corruption, mépris et arrogance, excès de pouvoir et de position etc.

A l’évidence, un candidat pauvre ne peut jamais mettre en place une opération de ce type, seuls les détenteurs d’énormes moyens financiers peuvent louer des autobus, soudoyer les jeunes, filles et garçons, pour "fidéliser" un électorat en vue de gagner l’élection.

Cher Mbina, peux-tu me dire quelle joie et quel plaisir un Etre équilibré peut ressentir, après avoir gagné les élections avec le concours des personnes qui ne sont pas de sa circonscription ?

Comment peut-on fêter une victoire sans gloire ?

Un illustre auteur français avait dit qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire et, qui peut vivre infâme est indigne du jour. Qu’en penses-tu mon frère ?

Notre parti, l’Union Socialiste Gabonaise (USG) qui soutient l’action du chef de l’Etat n’a pas les moyens pour participer à cette élection. Ce n’est plus l’époque où son fondateur avait les fonds, mais surtout un talent et une intelligence immense, pour conduire des actions politiques qui ont profité à l’USG, au régime d’Omar et à tout le pays.

 A l’époque, l’USG du Docteur Serge Mba Bekale avait « le pétrole (les fonds) et les idées (le savoir faire) ». Aujourd’hui, l’USG n’a plus que des idées et des convictions patriotiques fortes. Elle n’est pas morte et elle aura toujours une place au Gabon, si minime soit-elle.

Nous devons l’introduction de la biométrie dans le système électoral gabonais à Monsieur Pierre Mamboundou, charismatique président de l’UPG, paix à son âme.

Présentement, l’application de ce processus démontre que la transparence électorale est lointaine. La biométrie n’aura pour effet que de « légitimer » la fraude électorale. Ceux qui déplacent les gabonais d’une circonscription à une autre affirment qu’il est légal qu’un citoyen vote où il veut. Cela est vrai, et compréhensible pour l’élection présidentielle. Mais mon frère, les élections locales, qui se prolongent en sénatoriales, sont des élections de proximité. Ce sont les habitants de la localité qui donnent le pouvoir à certains riverains pour gérer leurs affaires communes. Ca n’a rien à voir avec les votants qui n’ont aucune attache à la localité.

Comment un individu né à Lambaréné, à Mouila, à Makokou où ailleurs, où il a sa maison, ses parents, les tombes de ses grands parents, son passé et ses intérêts matériels et moraux qui doit choisir les responsables de leur biens communs, peut-il être amené à s’inscrire dans une autre localité pour voter les responsables de cette dernière ? 

Mbina, il faudrait demander à ces citoyens-électeurs transportés de voter selon leur conscience et leur choix.

Mon cher ami, le Gabon est foutu par ce que les gens de peu de conscience et de peu de valeur l’ont pris en otage avec la complicité de l’étranger. Ces gens sont foncièrement égoïstes et diaboliques. Ils ne se soucient que de leurs comptes bancaires et de leurs intérêts personnels. Ils sont rompus à tous les bas stratagèmes politiques, ils sont grandiloquents, impurs et parjures.

Se croyants immortels, ils ne sont que des mortels, assoiffés d’honneurs et de biens.

Mon frère, évite-les ! Reste pauvre, digne et honnête. Ne sois jamais un riche, infâme et diabolique !

Les autocars ont déversé des centaines de personnes à Lambaréné pour enrôlement. C’est très affligeant de constater que les personnes supposées valables se comportent comme des peignes culs.

Les personnes qui fraudent à 50-60 ans trichent depuis leur jeunesse. Ils l’ont fait dans leurs jeux, leurs études, leur profession, leur foyer etc.

Mon Frère, je t’écris pour te conforter dans la douloureuse ligne de conduite et de vie que nous avons choisie.

Ne change jamais, demeure un homme digne, accroche-toi à ta liberté, crois de tout ton cœur, de toute ton âme, mais sans excès, à Dieu : le seigneur refuse tout excès.

Aime qui t’aime et pardonne à ceux qui nous détestent, lis l’ecclésiaste, ce merveilleux et sublime texte du Roi Salomon, l’ami de Hiram, bâtisseurs du Temple et souviens-toi que parmi les 7 jours de la semaine, chacun de nous a le sien : son dernier.

Evite d’être esclave de l’argent, des honneurs et du sexe. Rentre en toi pour t’accorder avec le divin qui est vivant dans tes tréfonds, méprise les apparats du monde et retiens que l’existence à venir, après la vie sur terre, est plus longue que notre éphémère passage ici bas et que, c’est le seul enrôlement qui dure éternellement.

L’enrôlement aux mairies de Lambaréné centre et d’Isaac étaient sous contrôle à distance par des gourous tapis dans l’ombre. Les téléphones portables y ont largement participé.

Souviens-toi Mbina, qu’ensemble nous avons moult fois rêvé et pleuré sur le Gabon, l’Afrique et le noir.

Après l’esclavage de l’occident, nous voilà esclaves de nous-mêmes, esclaves des nôtres.

Ô Mbina, Dieu est merveilleux ! Il a fait la lumière et les ténèbres, l’homme et la Femme, la vie et la mort pour nous éduquer et nous préparer aux réalités qui seront après la mort.

Pour cette raison, ceux qui sont encore vivants doivent à ceux qui sont morts la reconnaissance en rendant à leurs bonnes œuvres un perpétuel hommage.

Si un jour, un Panthéon, ce monument réservé aux grands hommes d’une nation, est créé au Gabon, certains noms devraient être sélectionnés pour y figurer.

Après plus de 50 ans d’indépendance, nous sommes confrontés aux mêmes difficultés. Le Gabon est l’un des pays au monde où le diable (le mal) a élu domicile.

Le pays souffre par manque d’amour et de fraternité entre ses habitants qui se comportent comme s’ils attendaient que des extra terrestres viendront faire ce qu’ils ont à faire.

La paresse, la culture festive, jouissive et la facilité ont remplacé la rigueur, la discipline et l’ardeur au labeur indispensables à la construction d’un avenir collectif meilleur.

Les élections libres, propres et transparentes sont devenues, pour les populations, un rêve lointain, un luxe inaccessible.

La démocratie est étrangère et n’a aucune emprise dans les Etats nègres. Démocratie sans démocrates n’est que mortalité des valeurs et abattoir d’hommes.

Dans le passé comme aujourd’hui, tous les progrès faits par l’humanité en matière de liberté et de démocratie écrasent leurs auteurs. Il n’y a jamais eu de progrès, de démocratie et de Liberté sans effusion du sang, qui est le prix et la contre partie de ces valeurs. La Liberté, l’Egalité, la Fraternité et les Droits de l’homme légués à l’humanité par la Révolution française ruissèlent encore et toujours du sang des vaillants démocrates républicains, au rang desquels Robespierre, Danton, Blanqui, Desmoulins et de nombreux autres.

Mbina, nous sommes dépositaires des valeurs bâties et confectionnées ailleurs, nous n’en comprenons pas l’essence et par conséquent, nous ne sommes pas capables de les conceptualiser et de les appliquer. Cela ne signifie nullement que nous devons mourir idiots, mais cela signifie que nous devons participer, sans haine et passion, en compagnie des compatriotes sérieux et patriotes aux changements positifs et graduels de notre pays.

Frérot, toi et moi sommes trop vieux et las, après tant d’énergie et d’efforts gaspillés pour des résultats et des progrès médiocres.

Il nous revient à dire aux jeunes générations de prendre part à tout projet qui porterait un minimum d’espoir…

Puisque que ces gens de peu de colère se contentent de peu.

A notre âge, Jean Christ Mbina, il nous reste à attendre le précieux et ultime rendez-vous de l’au-delà, en éduquant notre jeunesse et en vivant par avance notre gloire avenir, acquise au prix de la connaissance de Dieu, et des peines vécues.

« L’homme est un apprenti et la douleur est son Maitre et nul ne se connait s’il n’a pas souffert…».

Mon très cher Frère et Ami, si cela m’est donné, je t’écrirais encore pour te raconter ce que j’ai vécu dans notre pays : torture, humiliations, emprisonnement, privations diverses, mépris et injures…

J’attends ton courrier retour à mon nouveau mail (guynang.bekale@gmail.com) et ton appel téléphonique au numéro habituel.

Ne dis rien de précieux au téléphone, par ce que, comme tu le sais, nos conversations pourraient être écoutées par les gens qui veillent, nuit et jour, sur la sécurité de la république et sur les écorchés vifs comme nous.

Porte-toi bien et que Dieu te garde et te bénisse.

Même si nous semblons avoir tout perdu, il nous reste la Liberté et l’Amour acquis dans la souffrance et les privations qui sont des sanctuaires inaccessibles.

Bien à toi fraternellement.

A bientôt.

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